La Ville de Paris organise ce samedi la première Fête des ressourceries, ces lieux qui privilégient la réparation et le réemploi des objets seconde main. Reportage dans celle de Belleville (XXe).
Par Julien DufféLe 8 mai 2019 à 19h31
Ce samedi, au 46, rue des Rigoles (XXe), à deux pas du métro Jourdain, vous pourrez apprendre à créer vos éponges zéro déchet à partir de tee-shirts usagés mais aussi dégoter des vinyles et des BD à 2 €, des livres à 1 €, une veste à 4 €, un lecteur DVD à 7 € et même… un vieux piano à 50 €.
Comme treize autres boutiques solidaires parisiennes qui redonnent une nouvelle vie à des objets de seconde main en les revendant trois fois rien, la Ressource de Belleville participera samedi à la première Fête des ressourceries organisée par la Ville.
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Ouvert à l'automne 2017, ce lieu associatif a collecté l'an dernier 75 t de dons (tout est accepté sauf les matelas et les produits chimiques) qui ont été revendus ou recyclés à hauteur de 94 %. « En clair, on est là pour éviter que tous ces objets ne partent dans la poubelle verte » résume Léo Le Gars, un des cinq salariés de la structure qui accueille aussi deux services civiques et une dizaine de bénévoles. L'espace de vente de 125 m2 ouvert du mercredi à samedi de 13 heures à 19 heures tient de la caverne d'Ali Baba très ordonnée.
Car en coulisses, tous les objets collectés sur place (ou à domicile le mardi) sont soigneusement nettoyés, triés, réparés, classés puis mis en rayon. Un vrai travail de fourmi. « On met un point d'honneur à présenter une belle boutique, reconnaît Marie Jourdet, la coordinatrice du lieu. Ce n'est pas parce que c'est ce sont des objets d'occasion et pas chers que ce doit être dégoûtant et présenté dans des caisses ». Un menuisier retape même les meubles et propose ses créations. Et le coin café et sa terrasse, très prisés des habitants du quartier, proposent des ateliers deux samedis par mois.
« Je ne repars jamais bredouille »
La Ressource de Belleville, où 140 personnes défilent lors des plus grosses journées, a déjà ses inconditionnels. A l'image de Nicolas, 48 ans, au chômage, qui a déniché pour sa fille un tee-shirt et une veste Adidas pour 3 €. « Avec mon pouvoir d'achat, je n'aurais pas pu acheter ça ailleurs », confie-t-il. Alexandre, 54 ans, compositeur, vient lui chaque semaine « farfouiller » parmi les livres et les CD. « C'est un régal : je fais des trouvailles à des prix modiques. Je ne repars jamais bredouille ».
Quant à Helder, 35 ans, il est séduit par la vocation écologique du lieu. « On vit depuis des décennies dans une société de gaspillage et on ne peut plus continuer, juge-t-il. Il faudrait plus de boutiques comme ça ». C'est aussi l'avis de la Ville de Paris qui s'est fixé comme objectif de parvenir à 20 ressourceries ou recycleries d'ici fin 2020 (contre 15 aujourd'hui) et y a consacré 7 M€ d'aide depuis le début de la mandature.
UNE FOULE D'ANIMATIONS PREVUES SAMEDI
Ce samedi, à l'occasion de la Fête des ressourceries, quatorze ressourceries généralistes et spécialisées organisent des animations, et ouvrent grand leurs portes.
Celle des Batignolles (XVIIe) accueille des ateliers couture et cosmétologie. A la Ressourcerie créative (XIVe), on pourra apprendre à tapisser des chaises. A L'Alternative (IIe), on créera soi-même ses produits d'entretien et cosmétiques. Dans le XXe, la Ressource de Belleville comme Emmaüs Coup de Main proposeront de fabriquer des éponges zéro déchet dites Tawashi.
La Bricolette (XVIIIe) fera des collectes en pied d'immeubles et La Petite Rockette (XIe) un atelier de couture zéro déchet. Ceux qui veulent s'essayer à la menuiserie iront à Extramuros (XXe), et les débutants en couture à la Textilerie (Xe). Et les cyclistes bricoleurs à la Recyclerie sportive (XVIIe), à la Cyklette (XIe) ou aux Ateliers vélo des Berges de Seine (IVe) et des portes de Vanves (XIVe).
Enfin la Réserve des Arts (XIVe), qui recycle les chutes et rebuts du secteur culturel, ouvrira exceptionnellement au grand public.
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